Marie-José Barboyon-Brest.
Je ressentais depuis longtemps en moi cette impérieuse nécessité d’écrire une pièce de théâtre sur Camille Claudel. Remettre en avant-scène les œuvres de l’artiste, faire entendre une autre voix de ce génie créateur, décrire avec des mots jusqu’où peut mener une passion entièrement assumée, mettre en lumière le refus des concessions, dire ce qu’était la cause des femmes artistes au 19ième siècle, telles sont les racines de son écriture.
Camille est entrée doucement dans ma vie : tout d’abord grâce au film de Bruno Nuyten qui m’a profondément émue, puis un article très court dans un magazine féminin, suivi d’un premier livre emprunté et d’une première pièce de théâtre vue à Avignon qui m’a bouleversée. Ceci déclencha en moi l’envie de travailler l’argile, ce que je fis avec beaucoup de plaisir. Puis je ressentis le besoin de mieux la connaître. Je dévorais toute la littérature possible, je découvrais ses œuvres au Musée Rodin puis au Musée Camille Claudel. J’assistais à des conférences, j’allais voir toute pièce ou film la concernant. Je visitais le Château de L’Islette et son dernier lieu de vie, à Montfavet |Vaucluse|. Et puis un jour, germa en moi l’idée d’un spectacle : jouer Camille Claudel sur scène ! La rendre vivante ! Lui donner la parole ! L’accompagner dans sa solitude, voire imaginer une autre fin. Le projet m’emballait ! J’étais tellement touchée par cette femme, son talent, sa détermination, son anticonformisme, mais aussi par l’exil forcé qu’elle subit durant de si longues années.
Je me risquais à l’écriture, nourrie de mes recherches, et très vite, je me lançais un défi en choisissant d’être seule en scène. Seule avec Camille pour affronter ses démons, et les miens... Seule, comme elle le fut, trop longtemps. Et même si une petite voix venait régulièrement me dire : « Ton âge ne te permet pas de jouer Camille à vingt ans ! », j’interrogeais mon personnage et j’entendais : « Et si toi aussi tu étais insoumise… »
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